C'est encore la question de la mémoire LGBT qui occupe l'épisode de décembre de Feux croisés, ma chronique culturelle mensuelle dans le magazine Hétéroclite, avec un voyage retour vers les belles années 1970…
On va dire que c'est une
obsession. On va penser que c'est monomaniaque. Peut-être. Peut-être aussi
est-ce parce que c'est essentiel. Non pas tant regarder dans le rétroviseur
avec une sorte de nostalgie paradoxale que voir les permanences et les ruptures
de nos vies et de nos histoires à travers le temps. Nous y revoilà : cette
satanée mémoire. Qu'est-ce qu'elle travaille, cette mémoire, et pourtant
qu'est-ce qu'on la perd facilement. Nous sommes une communauté alzheimer, et
heureusement que les œuvres sont là pour la remettre à vif. En voici encore
deux qui nous précipitent dans les heureuses années 70, celles de la liberté
sexuelle, celle du militantisme gay et gai, celles d'après Stonewall et d'avant
sida, celles de tous les possibles. En voici deux sur le mode du témoignage,
une venant d'outre-Atlantique, l'autre d'ici, toutes deux donnant la parole à
des inconnus qui se livrent sans faux-semblants. Ça fait quoi d'être homo ou
lesbienne ? C'était comment à l'enfance ? Et les premiers émois ? Et la
découverte du sexe ? Et face à la société ? Elles valent toujours, ces
questions, et même si les réponses ont changé en quarante ans, même si les
situations (sociales, sociétales, de reconnaissance…) ont évolué, la parole de
ces anonymes nous disent aussi qu'au fond, c'est toujours pareil. C'est
pourquoi il est fondamental de regarder Word
is out, passionnant documentaire tourné en 1977, dans lequel 26 homos
américains de tous âges, de toutes classes, de toutes origines, se mettent à nu,
longuement.
C'est pourquoi il est bouleversant de lire Vingt ans et après, interview d'un garçon de 20 par le philosophe Michel Foucault, en 1978. Le livre était introuvable, le film invisible depuis longtemps. Leurs rééditions sont des sortes de miracles. Ils nous réancrent dans notre histoire. Ils nous réinscrivent dans une lignée. Ils nous redisent que l'homosexualité n'est pas qu'une affaire privée et individuelle. Pour les combats à venir (parce qu'il y en aura !), ça ne fait pas de mal de s'en souvenir…
C'est pourquoi il est bouleversant de lire Vingt ans et après, interview d'un garçon de 20 par le philosophe Michel Foucault, en 1978. Le livre était introuvable, le film invisible depuis longtemps. Leurs rééditions sont des sortes de miracles. Ils nous réancrent dans notre histoire. Ils nous réinscrivent dans une lignée. Ils nous redisent que l'homosexualité n'est pas qu'une affaire privée et individuelle. Pour les combats à venir (parce qu'il y en aura !), ça ne fait pas de mal de s'en souvenir…
Word is out,
film collectif du Mariposa Group, distr DVD : Paradoxe Films.
Vingt ans et après, de Thierry Voeltzel, éd. Verticales.
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