Deuxième extrait issu de mon dernier ouvrage, écrit avec Nathalie Weil, LE GRAND LIVRE DES FAITS DIVERS qui vient de sortir aux éditions Hors Collection. Le début du texte consacré aux fameuses sœurs Papin, Christine et Léa, deux bonnes qui, en février 1933, assassinent sauvagement leurs patronnes…
Il faut bien avouer qu’on ne
sait pas, que personne ne sait, que quatre-vingts ans après les faits, le
mystère reste le même, plus épais peut-être encore en raison de tout ce qui a
été écrit, en tous sens, sur l’affaire. Restent les hypothèses, les
conjectures. Oh pas sur les crimes, non, pas non plus sur l’identité des
coupables. Mais sur ce qui a engendré cette violence, cette horreur découverte
par les gendarmes : des yeux arrachés, des visages broyés, des corps lacérés de
multiples coups de couteau, et du sang, du sang, du sang, des éclaboussures de
sang sur les murs, jusqu’à 2m15 de hauteur, les flaques sur les parquets, des
traînées de sang sur les cadavres et les vêtements, une vision d’apocalypse
avec quatre femmes pour sinistres héroïnes. Deux tueuses et deux victimes, deux
sœurs contre une mère et sa fille, deux employées contre deux patronnes.
Tout de suite, dès le
lendemain du crime, la bataille fait rage, dans la presse, dans la rue, entre
les experts. La politique, la psychanalyse, la morale s’en mêlent. On utilise
des mots lourds de sens pour espérer cerner ce qui résiste à toute explication
rationnelle : lutte des classes, paranoïa, homosexualité… Dans les articles, on
peut lire : crime de haine ; crime de folles ; crime de classe ; crime
pervers ; crime de revanche sociale.… La justice retiendra au final le
« crime de colère » qui ne correspond à rien juridiquement…
Qu’importe. Les explications s’empilent, se contredisent, s’annulent, se
confondent, sans qu’aucune soit complètement convaincante. Peut-on poser
l’hypothèse que plusieurs de ces explications se conjuguent et se renforcent,
la colère accumulée et la folie principalement, pour essayer de comprendre
l’hallucinante tuerie du 2 février 1933 au 6, rue Bruyère, au Mans ?
Hallucinante, oui, tant tout
semble hors du commun dans le double crime qui se déroule en cette fin
d’après-midi tranquille, dans le huis clos d’une maison bourgeoise de la
capitale de la Sarthe. Le motif. Les circonstances. La férocité déchaînée.
L’attitude des coupables. Rien ne semble normal dans cette histoire, ni la
gratuité des crimes ni le détachement complet des criminelles, et c’est bien
l’insondable absolu de cette énigme qui a immédiatement fasciné, et sa
dimension obstinément incompréhensible qui continue à sidérer.
Tout commence avec un fer à repasser en panne. Déjà, la veille, il avait fallu le faire réparer, provoquant du retard dans le travail des deux domestiques de la famille Lancelin, deux sœurs, Christine et Léa Papin, des filles appliquées, sérieuses, des perles selon l’avis général, un peu étranges et renfermées sur elles-mêmes certes, mais jamais prises en défaut de paresse ou de négligence depuis sept ans qu’elles sont au service de la maison.
Tout commence avec un fer à repasser en panne. Déjà, la veille, il avait fallu le faire réparer, provoquant du retard dans le travail des deux domestiques de la famille Lancelin, deux sœurs, Christine et Léa Papin, des filles appliquées, sérieuses, des perles selon l’avis général, un peu étranges et renfermées sur elles-mêmes certes, mais jamais prises en défaut de paresse ou de négligence depuis sept ans qu’elles sont au service de la maison.
LA SUITE EST A DECOUVRIR DANS LE LIVRE…
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