mercredi 2 septembre 2015

Le Grand Livre des faits divers : extraits (3)

Troisième extrait issu de mon dernier ouvrage, écrit avec Nathalie Weil, LE GRAND LIVRE DES FAITS DIVERS qui vient de sortir aux éditions Hors Collection. Le début du texte consacré à Thierry Paulin, qui vola et tua une vingtaine de vieilles dames au milieu des années 1980…

Il en avoua vingt et un. La justice en retint dix-huit. Mais peut-être y en eut-il près de trente. Des vieilles dames. Des dames seules. Des victimes idéales. Sans défense. Il aurait pu juste les escroquer, les délester de leurs maigres économies. À quoi leur servaient-elles, ces économies, leur vie était finie de toute manière… Et pourquoi prendre des risques en les laissant en vie ? Autant qu’elles crèvent, ces vieilles choses qui n’intéressaient personne, autant qu’elles en bavent comme lui en bavait, mais lui il était jeune, et beau, et plein de rêves : des paillettes, de la drogue, du sexe… Alors vingt et un, ou dix-huit, ou trente, quelle importance ?
Voilà Thierry Paulin, le « monstre de Montmartre », le « tueur de vieilles dames », celui qui affola la police, la presse, le monde politique et l’opinion tout entière de 1984 à 1987, durant trois longues années où il se livra à ses macabres activités, celui dont les experts affirmèrent « l’absence de tout sens moral ». Tuer pour vivre, ce fut tout son programme. Tuer pour s’enivrer. Tuer, de la plus sordide des manières, pour pouvoir ensuite parader et briller. Tuer pour continuer à rire, à s’étourdir, à faire la fête, à flamboyer dans les cabarets, à reprendre sur scène, dans des robes sexy, les chansons de son idole, Eartha Kitt, celle dont Orson Welles disait qu’elle était « la femme la plus excitante du monde »… Voilà Thierry Paulin, le « nègre blond à la beauté brutale », comme le décrira en une forte allitération un journaliste, monstre et diva, serial killer et reine de la nuit…
À l’origine, il y a un enfant métis de Martinique, un enfant sans père – le sien disparaît dans la nature le 30 novembre 1963, deux jours après sa naissance –, un enfant né d’une mère à peine adolescente – Rose-Hélène n’a que 17 ans –, un enfant très vite confié à une grand-mère trop occupée ailleurs, par le restaurant qu’elle dirige à L’Anse-à-l’Âne, pour véritablement jouer son rôle d’éducatrice. À l’origine, il y a donc une enfance malheureuse, solitaire, un manque de présence masculine, un lien conflictuel avec les femmes. Avec Thierry Paulin, les psychiatres ont de quoi faire tourner leur moulin : ils ne s’en priveront pas lorsqu’ils iront l’examiner en prison, expliquant à l’envi les raisons profondes du choix de ses victimes par les carences de son enfance. Des femmes sur lesquelles défouler sa rage, des grands-mères auxquelles faire payer, littéralement, ce que la sienne ne lui a pas offert. D’où les violences, d’où l’acharnement, comme si Paulin trouvait enfin là de quoi libérer une colère si longtemps contenue, exutoire d’une histoire familiale où il n’a jamais eu de place – l’argent, les petites sommes dérobées au terme de ces séances d’horreur, n’étant dès lors qu’un prétexte.

LA SUITE EST A LIRE DANS LE LIVRE…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire